Histoire des Arts du cirque

Le mot cirque vient du latin circus : le cercle, symbole de l’infini et de l’union. Au cirque, les regards convergent vers le cercle lumineux de la piste, rien n’arrête le regard des spectateurs. Le temps et l’espace sont symboliquement sans limites.

Cirque antique : la Chine est le berceau de l’acrobatie (5000 ans avant J.C) et la jonglerie à au moins trois mille cinq cent ans, des dessins vieux de 4500 ans montrent des acrobates et des dresseurs d’animaux et des équilibristes.

Des fresques égyptiennes datant de -2000 avant JC représentent des femmes en train de jongler.

Cirque romain : le cirque est le lieu où se déroulent les combats de gladiateurs et d'animaux. Mais dans l'expression latine "Panem et circensses", les jeux évoqués regroupent les jeux du cirque et ceux de l'amphithéâtre.

Troubadours, jongleurs du moyen-âge : jusqu’au XIIe siècle, les « jongleurs » sont des artistes itinérants qui chantent, récitent de la poésie, composée par les troubadours et les trouvères, dans les palais, les cours seigneuriales, sur les places publiques, dans les rues, les foires et marchés. Le jongleur se livre également à des manipulations d’objets, à des acrobaties  et montre des animaux savants. Associée à la sorcellerie par la chrétienté  cette tradition  s'affaiblit pendant la Renaissance alors que les montreurs d'ours sont encouragés afin de désacraliser la force mythique de fascination du roi des animaux (L’ours, Michel Pastoureau).Ce passé itinérant ouvre les voies de migrations aux roms des Balkans, aux gitans d’Espagne qui donneront de grandes familles de cirques traditionnels.

Cirque moderne : dès 1768, Philippe ASTLEY (cavalier) en Angleterre induit « le Cirque Moderne » en définissant le cercle de 13,50m de diamètre comme espace d'évolution naturel du dresseur avec son cheval. Il agrémente rapidement ses spectacles équestres d'intermèdes clownesques et  acrobatiques.

Cirque classique : se développe au XIX siècle autour de la tradition équestre dans des manèges en dure qui fleurissent à Paris comme en province (Cirque d'été, Cirque d'hiver, cirque Médrano, cirque piscine).  

Le cirque ménagerie : à la fin du XIX siècle c'est l'exotisme qui renouvelle les  spectacles et l'éléphant, les fauves concurrencent le cheval. Comme l'a initié Barnum aux états unis,  l'utilisation du rail permet à ces ménageries parfois gigantesques de renouveler également le public. Dans la même volonté de présenter la diversité animale, les montreurs de phénomènes rassemblent les particularités humaines du nain au géant, des siamois à l’homme-tronc…et ceci autant pour flatter le voyeurisme que pour éduquer la tolérance.

Arts forains : A la fin du XIXe siècle, de plus petites formes de  spectacles itinérants sont rentables et attractifs grâce à des techniques de "marketing" efficaces mais aussi parce qu'ils utilisent et donc colportent les grandes innovations technologiques comme la bicyclette, la photographie, le cinéma, les patins à roulettes...

Cirque traditionnel : Dans les années 50 l’âge d'Or du « Cirque Traditionnel » est porté par des lignées familiales, Pinder, Zavatta, Bouglione, Grüss

 Le déclin du « Cirque Canonique » intervient à partir des années 70 par une accumulation de facteurs : difficultés de déplacement par les chocs pétroliers, problème d'espace de représentation par l'urbanisation des centres villes, concurrence de la télévision et probablement par une lassitude du public.

Le cirque néo traditionnel : Certains artistes tentent de "dépoussiérer" un cirque sclérosé: JB Thierrée  (cirque invisible), Achille Zavatta, Alexis Grüss, Annie Fratellini...

Arts de la rue : Autour de la mouvance de liberté d'expression et d'innovations culturelles de mai 68, de nombreuses formes artistiques ont pris place dans les lieux publics afin de rencontrer directement les spectateurs. Une génération presque "spontanée" d'artistes ouvre des pistes et l'école de la rue deviendra une alternative à la transmission familiale du cirque et à l'académisme des  formations théâtrales.

Nouveau cirque : Face à la faillite des cirques l'état intervient (1979 passage du Ministère de l'Agriculture à Ministère de la Culture et Communication, créations de formations (1985 CNAC, Académie Fratellini), 2000 Chartes d'accueil des Cirques. Des troupes innovent dans les années 80 parfois au contact du théâtre de rue (Le Puits aux images, le cirque Bidon, Archaos, Plume. En règle générale, le nouveau cirque se distingue par la modification de la place des animaux, l'éclatement des focus, la place de l'objet qui devient partenaire, un jeu d'acteur qui subordonne l'aspect technique.

Cirque contemporain : Certains critiques et analystes  font une différence entre les propositions innovantes du nouveau cirque dans les années 80 et les créations dans un climat de reconnaissance dès la fin du XXème siècle (Année du cirque 2001). Jean-Michel Guy* utilise la métaphore du passage de l'état de "macédoine" à celui de "mayonnaise" pour exprimer les mutations du cirque de la superposition vers la fusion de nouvelles inspirations. Ce style de cirque est un fleuron français, les formations constituent une référence attractive pour les jeunes artistes étrangers. Les artistes exportent facilement leurs créations dans les autres grandes nations de cirque (Etats-Unis, Russie, Chine, Brésil...) L'outre cirque (expression de Jean-Michel Guy): L’outre cirque  représente plutôt le fruit d’alliances artistiques et de métissages variés. Les créations puisent indistinctement dans les arts visuels et sonores, les nouvelles technologies, le numérique ou encore… les marionnettes…et c'est l'artiste et le chorégraphe qui proposent la forme spectaculaire sans se soucier des découpages disciplinaires. Le spectacle a la prétention d'être total un peu à la manière de l'opéra. 

*Jean-Michel Guy est ingénieur de recherche au ministère de la Culture et de la Communication (Département des Études, de la Prospective et des Statistiques). Il y conduit des études sociologiques, en particulier sur les publics du spectacle vivant.
Il enseigne l’analyse critique à l’Ecole nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois et au Centre national des Arts du cirque de Châlons-en-Champagne.

 

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